Prévenir les violences électorales faites aux femmes en République centrafricaine : les Nations Unies appuient un dialogue de haut niveau à Bangui
Le Premier Ministre de la République centrafricaine, accompagné de plusieurs membres de son Gouvernement, ainsi que des représentants des Nations Unies et de la Délégation de l’Union européenne, ont procédé, le 16 mai dernier, au lancement officiel du dialogue de haut niveau sur la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes en période électorale en Centrafrique, une initiative d’une durée de deux jours.
Près de 200 personnalités de haut rang, représentant l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus électoral – qu’il s’agisse du Gouvernement, des partenaires techniques et financiers, des agences des Nations Unies, des leaders traditionnels et religieux, de la société civile, ou encore des femmes elles-mêmes en qualité de candidates et d’électrices – ont honoré de leur présence la cérémonie d’ouverture de cet important rendez-vous. L’objectif commun : identifier les défis majeurs et, surtout, dégager des pistes de solutions concrètes en vue des prochaines échéances électorales.
Ce dialogue se veut avant tout un cadre inclusif d’échange et de réflexion collective, permettant de mobiliser tous les acteurs désireux de s’engager en faveur de solutions durables aux violences électorales faites aux femmes. De nombreuses femmes leaders en Centrafrique ont, en effet, déjà subi – parfois à plusieurs reprises – des actes de violence liés à leur engagement politique en période électorale. Mme Cécile Guéré, Présidente de la Plateforme des Femmes Engagées en Politique en Centrafrique, a rappelé que les élections groupées de décembre 2020 ont particulièrement exposé les femmes à de telles violences, ce qui a conduit à la création de ladite Plateforme.
Son Excellence Monsieur Diego Escalona Paturel, Ambassadeur de l’Union européenne en Centrafrique, a souligné que ce dialogue met en exergue un enjeu fondamental : celui de l’inclusion en toute sécurité des femmes dans les sphères politique et publique, condition essentielle à l’édification d’une société juste et stable. Il a insisté sur le fait que la lutte contre les violences basées sur le genre est l’affaire de tous. Il ne s’agit pas uniquement d’un enjeu politique, mais d’un véritable impératif sociétal, impliquant la responsabilité collective des acteurs de la société civile, du secteur privé, des institutions internationales, ainsi que de chaque citoyenne et citoyen. Il a également dénoncé l’impunité persistante dont jouissent trop souvent les auteurs de ces violences, appelant à garantir l’accès équitable à la justice pour toutes et tous.
Dans son intervention, Madame Anan Talbi, Directrice du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, représentant la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique et Cheffe de la MINUSCA, a salué l’initiative du gouvernement, qu’elle considère comme une manifestation tangible de son engagement en faveur des droits humains et de l’égalité de genre. Elle a affirmé que les élections locales représentent une opportunité décisive pour corriger les déséquilibres persistants dans la répartition du pouvoir politique entre les sexes. En effet, selon une étude menée par ONU Femmes à l’issue des élections de 2020-2021, les femmes centrafricaines subissent des violences sexistes à toutes les étapes du processus électoral.
Le Premier Ministre, Monsieur Félix Moloua, a salué cette initiative et le thème retenu, soulignant la mobilisation remarquable des parties prenantes au processus électoral, preuve de l’intérêt profond porté à cette problématique qui nous interpelle collectivement. Compte tenu de l’histoire du pays, il a jugé indispensable et légitime que ce cadre d’échange soit mis en place en amont des prochaines élections.
« Ce dialogue, initié par le Gouvernement, s’inscrit dans la droite ligne de la vision de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, dont l’ambition est de garantir une participation active et effective des femmes dans tous les processus décisionnels politiques. C’est dans cette optique que ce dialogue contribuera à la tenue d’élections crédibles, inclusives, transparentes et exemptes de violences », a affirmé le Chef du Gouvernement.
Ce dialogue de haut niveau de deux jours s’est achevé sur la formulation de plusieurs recommandations qui seront remises officiellement aux autorités centrafricaines dans les prochains jours.