Promouvoir un égal accès aux opportunités économiques entre les hommes et les femmes est d’abord et avant tout une question de justice sociale
LA PLACE DE LA FEMME DANS LE PROCESSUS DE TRANSFORMATION DE L’ÉCONOMIE CENTRAFRICAINE a été au centre de la deuxièmu café genre.
Elle est organisée ce vendredi 9 septembre 2022 par ONU Femmes Centrafrique en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature et le Conseil Economique et Social de Centrafrique. Cette rencontre a connu la participation d’une centaine de personnes issues du Patronat centrafricain, des ministères sectoriels concernées, du milieu académique, du corps diplomatique et des organisations internationales accréditées en RCA ainsi que de la société civile.
Pour M. Salvator NKURUNZIZA, Représentant Pays d’ONU Femmes en Centrafrique : « Promouvoir un égal accès aux opportunités économiques entre les hommes et les femmes est d’abord et avant tout une question de justice sociale puis une nécessité pour la durabilité et l’accroissement de la rentabilité des entreprises. L’économie centrafricaine ne pourra atteindre tout son potentiel tant que plus de 51% de la population (les femmes en occurrence), continueront d’être mises à l’écart et marginalisées ».
Entre autres, ces points de recommandations :
- Créer un espace d'échange et de partage d'expériences entre les femmes entrepreneures au niveau local et associer les femmes de la sous-région et d'ailleurs ;
- Organiser des rencontres avec les jeunes filles promotrices des micro entreprises pour le parrainage et le mentoring ;
- Penser à un véritable mécanisme d'assistance technique pour l'élaboration des dossiers de prêts bancaires. Les demandes de financement sont très légères et mal élaborées jusqu'ici.
Cela dit, la question d’autonomisation économique est au centre de préoccupation d’ONU Femmes. A ce titre, elle travaille avec les acteurs étatiques, notamment le Ministère du Commerce, particulièrement le Guichet Unique pour la Formalité des Entreprises, le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises. Le Secteur Privé et particulièrement le Patronat Centrafricain pour une meilleure compréhension de la contribution des femmes à l’économie centrafricaine et les difficultés qu’elles rencontrent. La participation des femmes dans la production économique est supposée faible : 74,5% pour les hommes et 58,6% pour les femmes[1]. Il y a peu de femmes dans le monde des affaires et leur accès est très limité aux services des banques. S’il est reconnu qu’en Centrafrique, plus de 80%[2] des femmes œuvrent dans le secteur informel notamment l’agropastoral (81% de la main d’œuvre agricole) et le petit commerce, leur participation dans la production économique du secteur formel reste faible.
En effet, les statistiques de 2019 au premier trimestre 2021 du GUFE montre une faible représentativité des femmes dans le secteur agropastoral formel avec 15,52% des femmes propriétaires d’entreprises agropastorales contre 84,48% d’hommes. Elles représentent 13,31% des propriétaires des BTP et 15,18% des propriétaires des industries contre, respectivement, 86,69% des hommes propriétaires des BTP et 84,82% des hommes propriétaires des Industries. Dans les secteurs du service et du commerce (tertiaire), elles représentent respectivement 20,68% et 22,37% des propriétaires, contre 77,63% des hommes propriétaires dans le commerce et 73,08% dans les services.
On note aussi un faible engagement des femmes et des jeunes dans le secteur minier notamment diamant et or, le secteur agro-alimentaire avec la production du café et sucre, le secteur bois, le secteur textile (habillement, tissu) est important et varie selon les régions et les villages. Constituant plus de 80% des acteurs économiques du secteur informel, les femmes sont plus nombreuses dans la transformation et la commercialisation des produits de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la cueillette. Elles font cependant face à de nombreuses contraintes telles que :
- Contraintes d’accès et de sécurisation du foncier, aux moyens de production et services de vulgarisation ;
- Contraintes liées à l’accès au financement ;
- Contraintes liées à l’accès aux marchés ;
- Contraintes d’accès à un emploi décent.
Ces éléments disponibles peuvent servir de base pour une étude d’envergure permettant un état de lieux à jours de la contribution des femmes à l'économie centrafricaine.
[1] Données du Guichet Unique pour la Formalité des Entreprises (GUFE)
[2] RCA, Rapport national volontaire de suivi de la mise en œuvre des ODD, PNUD, 2019