Des inondations ont encore sévèrement affecté la Centrafrique
Même si on observe une accalmie, des maisons fragilisées par l’eau qu’elles ont absorbées continuent de s’écrouler, et le bilan s’alourdirait dans les jours à v
Au moins neuf personnes décédées, plus de 2 000 maisons et une dizaine de ponts détruits, des milliers de latrines et puits d’eau inondés ; tel est le bilan préliminaire issu de sources complémentaires, suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur les préfectures de Bangui, Ombella M’Poko, Lobaye, Nana-Gribizi, Ouham-Pendé et Ouham-Fafa durant la période du 21 au 23 juillet. Actuellement, ce sont plus de 21 700 personnes qui ont perdu leurs maisons et se réfugient dans des familles d’accueil, écoles et églises.
Même si on observe une accalmie, des maisons fragilisées par l’eau qu’elles ont absorbées continuent de s’écrouler, et le bilan s’alourdirait dans les jours à venir. En effet, les prévisions météorologiques de cette semaine indiquent également des fortes probabilités de pluies dans le pays. Bangui la capitale est la plus affectée à ce jour, en particulier le 6ème arrondissement. Cette situation intervient dans un contexte où les besoins humanitaires ont exponentiellement augmenté dans le pays, plus de la moitié des Centrafricains ayant besoin d’assistance et de protection, soit 3,1 millions de personnes.
Les dernières inondations de forte ampleur ont été enregistrées en 2019 lorsque 100 000 personnes ont vu leurs maisons inondées et détruites, et leurs sources d’eau polluées, poussant la plupart au déplacement vers des sites temporaires ou en famille d’accueil. En cette période-là, 3% de l’ensemble des personnes déplacées l’étaient suite aux catastrophes naturelles.
Pour répondre à la situation actuelle, la stratégie du gouvernement consiste en une assistance humanitaire couplée aux activités de prévention et de relèvement.
Des sinistrés en besoin d’assistance
Dès le 23 juillet, le Ministère de l’action humanitaire, de la solidarité et de la réconciliation nationale a réuni les intervenants étatiques spécialisés, les représentants des arrondissements affectés, les acteurs humanitaires et de développement, ainsi que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour la mise en place d’une structure de réponse coordonnée cofacilitée par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Selon les premiers constats faits sur terrain par la Croix-Rouge nationale appuyée de la fédération FICR, et la Direction générale de de la protection civile (DGPC), les besoins urgents sont notamment les abris d’urgence et autres biens non alimentaires. Le gouvernement a distribué à environ 360 familles des quartiers de Bangui, des biens non alimentaires constitués de bâches, nattes, seaux, articles de cuisine, couvertures et jerricanes. Pour une meilleure compréhension des besoins, les acteurs humanitaires ont déployé le 24 juillet dans les quartiers affectés de Bangui, des équipes conjointes d’évaluations incluant des experts en eau-hygiène-assainissement. Les résultats préliminaires de ces évaluations seront présentés au cours d’une réunion du comité de crise le jeudi 28 juillet. En parallèle à ces évaluations, les acteurs humanitaires travaillent à la consolidation de leurs stocks d’urgence pour éventuellement palier aux gaps non couverts par l’action gouvernementale, dans un contexte où les ressources sont fortement sollicitées face aux besoins humanitaires en présence. A ce jour, seulement 44% des 461 millions de dollars américains sollicités dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour la RCA ont été mobilisés.
Prévenir
Ces inondations interviennent après l’adoption de la nouvelle stratégie nationale de gestion des risques et catastrophes naturelles le 13 juillet dernier. Elle est consolidée autour de quatre axes stratégiques incluant l’identification et l’analyse des risques, la gouvernance des risques de catastrophes, le renforcement de mécanismes de gestion des risques de catastrophes, et la gestion des urgences liées aux catastrophes. Cependant, l’opérationnalisation des organes de mise en œuvre attend la signature d’un décret présidentiel.
En septembre 2020, l’ONG REACH avait publié une étude des susceptibilité d’inondations dans des zones habitées. L’étude a développé un score de risque d’inondation, visant à améliorer les initiatives de préparation aux urgences, et soutenir la planification et la prise de décision. Financée par le Fonds humanitaire pour la République centrafricaine (RCA), les données de cette étude avaient été croisées avec celles issues d’ évaluations multisectorielles des besoins conduites en 2019. Le résultat final avait été mis à la disposition des autorités, révélant par exemple des risques d’impact plus élevés d’inondation dans les préfectures de l’Ouham et de la Kémo (plus de 203 000 personnes à haut risque), tandis que la Nana-Mambéré et de l’Ouham-Pendé avaient des scores de risque faibles.
Cette étude a également montré que la plupart des agglomérations centrafricaines se trouvent à côté des cours d’eau et de leurs bassins versants, autour desquels se développent des moyens de subsistance des habitants. Les berges de ces cours d'eau ont tendance à déborder face à la quantité croissante des précipitations collectées dans ces bassins versants. Ainsi, si l’adaptation des infrastructures est négligée de même que la planification de contingence, les interventions en aval ne suffiront pas pour des populations déjà meurtries par plus d’une décennie de conflits et plusieurs autres chocs.
Pour une meilleure préparation
Afin d’assurer une préparation optimale face au risque d’inondation, un Comité technique opérationnel avait été mis en place en 2020 sous l’égide du Ministère de l’action humanitaire, de la solidarité et de la réconciliation nationale avec la participation de OCHA, la DGPC, la Croix-Rouge centrafricaine, la MINUSCA et la Mairie de Bangui. Cette nouvelle structure avait permis de coordonner des visites de terrain à Bangui afin d’identifier les zones à risque et les mesures de préparation prioritaires.
Les impacts considérables des inondations survenues ont mis en exergue des problèmes de coordination en matière de standardisation des données fournies par divers acteurs, le manque de personnes formées aux évaluations post-catastrophe naturelle, ainsi que de lignes directrices claires des évaluations. Le manque d’une plateforme commune de stockage/gestion des données, y compris la cartographie était également une des faiblesses.
En réponse, OCHA en collaboration avec l’ONG REACH et la Fédération internationale de la Croix-Rouge, a renforcé depuis 2021 les capacités de 45 volontaires de la Croix-Rouge nationale et de la Direction générale de la protection civile sur l’évaluation post catastrophe naturelle. Ils font actuellement partie des équipes qui évaluent la situation.
Pour les dernières mises à jour de cet article, veuillez cliquer sur le lien ci-après :